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Journal d'un radiophoneur

par Brice Depasse


27 juillet : L’affaire J.J. Cale et consorts

Publié par Brice Depasse sur 27 Juillet 2013, 16:26pm

Catégories : #J.J. Cale, #mort, #john lennon, #michael jackson, #cocaine, #troubadour

C’est quand les gens meurent que nous nous souvenons soudain qu’ils existent. Bizarre, non ?

Prenez par exemple J.J. Cale. Tout juste si Monsieur Toulemonde sait qui il est. Ah oui, Cocaïne, je connais. Mais ce n’est pas une chanson d’Eric Clapton ?

Et pourtant sur Tweeter, on ne parle que de ça, aujourd’hui. Non, il n’est pas mort, c’est un hoax (un spam sous forme de fausse info si vous préférez). Non, non, c’est officiel, c’est annoncé sur son site. Oui mais il a été piraté, ai-je lu. Outre cet accident typique qui amuse les apprentis journalistes d’Internet (et auquel j’ai participé), on va assister une fois de plus au même phénomène. La presse généraliste qui n’a probablement jamais parlé de ce génie, ce grand songwriter, ce roi de la pop folk rock planante (excusez-moi, j’essaie de vous le situer) des années 70, la presse généraliste donc va soudain vous en parler comme si elle en connaissait tout. Alors que derrière ce billet d’info télé, radio ou magazine se cachera probablement un journaliste allé faire un tour sur Wikipedia ou l’article d’un confrère de la presse musicale.

Vous allez me dire, tout le monde ne peut pas mourir en pleine gloire commerciale, il n’y a pas de place pour tous dans les infos. Mais alors pourquoi uniquement quand il s’agit de disparition ? La mort grandit-elle, purifie-t-elle ? Car imaginez que les mêmes journaux télévisés et consorts vous parlent ce soir de lui en évoquant sa carrière juste parce qu’il le mérite, c’est un génie. Pensez-vous que vous retrouveriez Cocaïne sera dans le top des téléchargements d’ITunes comme ce sera le cas la semaine prochaine grâce à sa nécro ?

Dites, juste un conseil, écoutez les albums Troubadour et Naturally, deux merveilles parmi d’autres. Et si par bonheur (pour lui), JJ Cale est toujours en vie, cet hoax aura au moins eu un mérite.

On ne saura jamais vraiment pourquoi les morts nous intéressent, pourquoi on ressent un manque, un vide, à l’annonce de la disparition d’un artiste dont on se foutait royalement de l’existence la minute précédente.

Rappelons-nous le bel exemple de la mort de John Lennon.

Automne 1980, John Lennon fait son grand retour avec l’album Double fantasy. Après cinq années de silence, une éternité à l’époque où on devait sortir un 33 tours par an pour exister, l’ex-Beatle fait les gros titres de tous les magazines. Mais vu que John a eu la très mauvaise idée de faire chanter Yoko un titre sur deux, le disque ne marche pas très fort. C’est clair, les fans des Beatles, l’armée la plus nombreuse du monde, n’est pas à ce rendez-vous historicommercial.

Quelques semaines plus tard, tombe l’annonce brutale de sa mort (brutale). Et paf, Double fantasy devient N°1. A part un achat compulsif, émotionnel d’un Lennon dont on ne connaît rien, vous y comprenez quelque chose ? Et ne me dites pas que ceux qui l’ont acheté l’ont écouté dix fois.

Devrais-je aussi évoquer la dramatique mort de Michael Jackson ? Voilà un homme qui a été crucifié par la bêtise et la haine conjuguée d’un procureur vicieux, d’une famille de baraquis pervers et d’une presse ignoble et dont le monde entier ignore superbement l’innocence. Il faut bien dire ce qui est : les comptes-rendus de la vérité sur cette (deuxième) affaire crapuleuse n’ont pas occupé le centième de l’espace de ceux qui le condamnaient avant même la première audience. Comme si les journalistes qui avaient relayé complaisamment la fange, conscients de l’audience monnayable qu’elles valaient, ne voulaient pas trop montrer à quel point ils avaient bafoué leur profession et crucifié une idole. Par conséquent, le doute subsistait dans l’esprit du public. Inutile de vous rafraîchir la mémoire : la mort de Michael Jackson a mis tout le monde d’accord. Lui qui ne vendait plus grand-chose a repris la première place, loin devant tout le monde.

Rien ne change donc. La mort grandit les hommes. Du fond de leur tombe, ça leur fait une belle jambe.

 27 juillet : L’affaire J.J. Cale et consorts
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